Extraits de coupures de presse

Noële Baker, une passerelle entre l'ici et l'ailleurs

Départ, décès, passage vers l'au-delà, tels sont les thèmes que l'artiste genevoise Noële Baker a explorés récemment, suite à la perte d'êtres chers. Une exposition à la Galerie de la Ferme de la Chapelle présente cette interrogation, intime et universelle à la fois, sur la destinée humaine.

Depuis les débuts de son travail de sculptrice Noële Baker est hantée par une personnage féminin, qui sert de fil conducteur dans un parcours artistique. Tout en courbes et posée le plus souvent sur de longues tiges très fines, cette figure de femme se fait tour à tour déesse, messagère d'un autre monde ou encore figure de proue, comme par exemple, dans le projet que l'artiste a créé pour ECOGIA au centre de formation de la Croix-Rouge à Versoix en 2006.

Lors de sa prochaine exposition, Noële Baker présente plusieurs séries qui sont autant d'hommages à des personnes proches qu'elle a perdues dans un passé récent. Le thème du décès, traité comme un départ, une transition vers une autre dimension, est au centre de ces sculptures auxquelles s'ajoutent des éléments du souvenir directement liés aux personnes disparues : un écrit, un poème our une bribe de discours. La série qu'elle a conçue pour sa mère, qui était aussi artiste, professeur de français et poète, utilise des sortes de longs rubans formés par des ligatures de fer à béton. L'une des extrémités de ces bandes métalliques est accrochée au mur et se déroule jusqu'au sol, formant une sorte de chemin de vie symbolique ou encore une échelle qui s'élèverait vers une autre dimension. Elle y a intercalé des petits personnages féminins en terre, qui semblent ici être les gardiennes de ce passage emblématique, ainsi que des plaques en PVC sur lesquelles elle a transcrit des fragments de poésies écrites par sa mère.

Dans la série en mémoire de son père, l'aquarelliste Frank Dorsay, Noële Baker a utilisé le mylar, matériau dont sont faites les voiles de bateau, en y découpant des diptyques qu'elle a ensuite peint dans une gamme de couleurs tendres rappelant les paysages de son père. Elle y a également inclus des textes fragmentaires, souvenirs de la manière de ce dernier de discourir sur des sujets qui lui étaient chers. Les matériaux de ces diptyques font allusion aux voyages sur mer, autre métaphore de la vie et de la mort.

Une troisième série est un hommage à un de ses maîtres à penser, qui a marqué son parcours d'artiste et qui se plaisait à dire que la vie devait être regardée de haut pour en appréhender le sens. Elle a donc créé de longues tiges métalliques de près de 2 mètres au sommet desquelles vient s'insérer ce personnage féminin, leitmotiv de l'œuvre de l'artiste.

Ces séries constituent une suite cohérente dans la recherche de Noële Baker dont le travail intimiste est toujours empreint de beaucoup de pudeur, qui en rend le message encore plus fort.

Valérie Gache
ELLE magazine, novembre 2007

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